Querelles de martins et de nuages

Publié le par Monique MERABET

Querelles de martins et de nuages

QUERELLES DE MARTINS ET DE NUAGES

 

Bénédicité

mon café sous la varangue

j’écoute les gouttes

 

Recroquevillé sur un bout de serpillière le chat roux a l’air triste… an zibou.

Sur le câble, un martin solitaire s’est posé ; il se moque qu’il pleuve, il défie l’eau qui glisse sur son plumage. Ce matin, il adopte un chant moins âpre que d’ordinaire. Parce qu’il pleut ? Pour enganter le soleil à revenir ?

À quoi songe un martin triste, un jour de pluie ?

Suis-je en plein délit (délire ?) d’anthropomorphisme ? D’anthropocentrisme ?

Bah ! Je ne fais que suivre la tendance des annonces météorologiques quand les (z)animatrices de la radio en prennent à leur aise, se croient correspondantes de guerres des nues, entre gris et bleu, entre soleil et nuages… « Le ciel aura du mal à se dégager dans le sud de l’île », l’ai-je entendue assurer. L’envahisseur venu de l’espace nous tient emprisonné sous une chape de nuages, position stratégique de troupes qu’on ne délogera pas facilement.

L’épopée des nuages, quelques siècles après celle des dieux et déesses que nous avons chassés du firmament.

Le ciel bientôt, nous tombera-t-il sur la tête avec son chargement de satellites perdant l’équilibre gravitationnel ?

Sur terre, on nous recommande de ne pas aller en tous ces pays, champs de guérillas, de vendettas, monde peau de chagrin. Pour nous consoler, peut-on se fier encore à l’immensité tranquille du ciel ? Oiseaux, n’y êtes-vous pas en danger ?

Bande de ciel calme à mon horizon. Deux martins sur un câble, en attente. Leur écrirai-je une saynète pépiante, m’exposant ainsi au péché de personnification, doublement grave pour une haïjin tankaïste ?  

 

(Au départ, arrive Martin Premier qui s’installe sur un câble vacant. Puis un deuxième oiseau)

Martin Deuxième : « Qu’attends-tu là mon frère, sous la pluie ? Une éclaircie ? »

Martin Premier : « Non, mais qu’est-ce que t’es bête ! J’aime le gris, j’aime la pluie. Tais-toi donc et laisse-moi profiter de cette belle matinée. »

(Martin Deuxième, sans doute levé de la patte gauche — de l’aile gauche ? — reprend de plus belle ses vociférations et lâche un KROUÈK retentissant)

Sur un autre câble se pose Martin Troisième qui aimerait bien prendre part à la dispute : « Que se passe-t-il ? Que se passe-t-il ?... »

Martins Premier et Deuxième, de concert : « De quoi tu te mêles ?

(Bataille générale puis les trois volatiles vont croasser ailleurs)

 

Au bout de la page

dialogue de martins

interrompu

 

(13 avril 2024)

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