Ti baba feuilles
TI BABA FEUILLES
Autour du tronc
un liseron inscrit
sa chanson
feuilles en ombelles
quand vous ouvrirez-vous ?
J’ai bien fait de ne pas trop élaguer le pied cœur-de-bœuf. Aujourd’hui, la fresque en moucharabieh que son ombre dessine sur le mur est majestueuse.
De quoi donner envie aux feuilles du pistachier de se déployer en ombrelles. Mais peut-être sont-elles encore trop frêles, trop baba tann pour s’ouvrir complètement, comme le petit enfant dont les jambes grêles ne peuvent porter les pas.
Attendre. Sans se presser. Les folioles vont se tendre toutes seules, le moment venu. Et même si… elles sont belles dans leur âge vert tendre.
Je n’ai rien d’autre à vous offrir que ces feuilles promesses, mandala en gestation. Rien d’autre pour la contemplation, pas même cette fleur de lotus que propose Ryokan depuis son ermitage.
Je n’ai rien de spécial
à vous offrir.
Juste une fleur de lotus
dans un petit vase
à regarder un long moment
La méditation peut aussi bien s’installer au vert des feuilles.
Comment qualifier cette teinte légère ? Tendresse ? tendreur ? Pas tendreté en tout cas, qui s’applique à la viande molle…
Peut-être serait-il judicieux de passer au Créole : fétandrité, tandrisité ?
Alon pass in guiguine fétandrité su nout bann pansé.
In guiguine ? An poundiak, ce serait mieux.
(Petit journal des feuilles 51, 6 mai 2020)
baba tann : bébé
in guiguine : un peu
an poundiak : en quantité