Ti baba feuilles

Publié le par Monique MERABET

Ti baba feuilles

TI BABA FEUILLES

 

 

 

Autour du tronc

un liseron inscrit

sa chanson

feuilles en ombelles

quand vous ouvrirez-vous ?

 

J’ai bien fait de ne pas trop élaguer le pied cœur-de-bœuf. Aujourd’hui, la fresque en moucharabieh que son ombre dessine sur le mur est majestueuse.

De quoi donner envie aux feuilles du pistachier de se déployer en ombrelles. Mais peut-être sont-elles encore trop frêles, trop baba tann pour s’ouvrir complètement, comme le petit enfant dont les jambes grêles ne peuvent porter les pas.

Attendre. Sans se presser. Les folioles vont se tendre toutes seules, le moment venu. Et même si… elles sont belles dans leur âge vert tendre.

Je n’ai rien d’autre à vous offrir que ces feuilles promesses, mandala en gestation. Rien d’autre pour la contemplation, pas même cette fleur de lotus que propose Ryokan depuis son ermitage.

 

Je n’ai rien de spécial

à vous offrir.

Juste une fleur de lotus

dans un petit vase

à regarder un long moment

 

La méditation peut aussi bien s’installer au vert des feuilles.

Comment qualifier cette teinte légère ? Tendresse ? tendreur ? Pas tendreté en tout cas, qui s’applique à la viande molle…

Peut-être serait-il judicieux de passer au Créole : fétandrité, tandrisité ?

Alon pass in guiguine fétandrité su nout bann pansé.

In guiguine ? An poundiak, ce serait mieux.

 

(Petit journal des feuilles 51, 6 mai 2020)

 

baba tann : bébé

in guiguine : un peu

an poundiak : en quantité

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