Au sommet du grand pin
AU SOMMET DU GRAND PIN
On ne voit qu’aiguilles
au sommet
le vent fait ses trilles
Mon haïku pour répondre au pin de Mâcon, haut, haut, haut, dont on ne connaît pas la taille exacte… 20 m ? 30 m ?
Je me remémore l’araucaria du voisin qui grandissait, superposant ses étages, tour de Babel lancée à l’assaut de l’infini. Il accueillait des colonies de bulbuls chanteurs. L’arbre a été coupé, depuis.
On ne voit qu’aiguilles
en haut de l’araucaria
le vent vocalise
J’ai grande amitié pour les arbres chanteurs : zouizoui dans les filaos, gazouillis du manguier en fleurs lorsque s’abattent des razzias d’oiseaux-lunettes, cris rauques d’alerte dans le buis de Chine — y a un nid ? —, trilles perçant l’épais feuillage de l’avocatier…
Tout arbre est un instrument de musique à vent, à brise dans sa version berceuse de vagues ou réveille-matin, à grain d’orage pour hurlements et fureur.
Le temps est encore à l’orage aujourd’hui. J’ai essayé de sauver le plant de marguerite folle mis en terre — trop hâtivement ? — dans un pot qui s’est rempli d’eau ; j’ai tenté aussi de mettre au sec le semis de coquelicot devenu rizière. On fait ce que l’on peut.
Aux premières gouttes
profiter du temps plus frais
sursis pour les chats
Ils s’abritent sous ma véranda. Comment les mettre dehors ?
Et assister au spectacle d’un orage qui se déchaîne. Comme les enfants agglutinés derrière la baie vitrée qui jouent à se faire peur.
Minois malicieux
elle a grimpé sur la table
« J’ai peur des éclairs »
(10 janvier 2022)