Sirandanes de la mer
SIRANDANES DE LA MER
De sable ou de galets
la mer roule
sa natte sans trêve
Le ciel en paysage. De ma fenêtre je guigne une trouée de bleu, un oiseau de passage.
Et la mer que je ne vois pas danser ? Comment va la mer ? Comment met-elle en mouvance cet horizon bouché ?
Soudain me reviennent les sirandanes — devinettes créoles, kosa in shoz ? — sur la mer.
Granmèr i roul nate san zamé i fini (grand-mère roule sa natte sans jamais s’arrêter)
Mi roul mon sézi, zamé i ramass (Je roule mon tapis, jamais ne le range)
Li grouy son payass, zamé li dor dèsi (Elle remue sa paillasse, jamais ne dort dessus)
Glanés aux pages d’un recueil des éditions Surya.
Images générées par le haïku de l’amie qui replie son lit chaque matin… avec « des bouts de rêves »
Il en sera ainsi au bout de notre vie, lorsque nous rendrons notre corps à la Terre et notre âme à qui ? à quoi ? Kisa i pè konète ?
J’aimerais laisser dans le cœur de ce qui resteront, peut-être de ceux qui viendront, quelques fragments de poèmes, des éclis de rêves d’une existence… Ah ! Kisa i pè konète ?
En prenant modèle sur ces sirandanes de mer, je tente une transposition.
Kosa in shoz ?
Toultan èl i farfouy son bann rève, jamé èl i trouv lo plu méyèr. (Elle remue sans cesse ses rêves, sans jamais trouver le meilleur)
La réponse est la vie, bien sûr, l’égzistanse.
Un gros, un petit
sautillements d’approche
sur le fil
Saison des amours pour les oiseaux, une deuxième période de nidification ; les chats, eux, ont chamboulé ma véranda, toute la nuit.
Comme les belles de lune, les animaux suivent leurs cycles, leurs saisons. D’instinct.
Pleine lune
en spirales d’or
cœur de fleur
(18 janvier 2022)