Lunaisons
LUNAISONS
La lune invisible
au ciel trop clair de mai
mouche au soleil
sur l’écran ocre d’un mur
l’ombre aplatie des feuillages
Paysage de nuages. Ce n’est pas ce matin que je verrai la lune blanche ; la nuit dernière, elle émergeait, toute ronde, d’un nid de ouate ; la veille encore, juste un éclat dans les nues.
Dame Lune de Mai ne m’aura laissé que l’impression fugitive de quelques apparitions.
Attendre lunaison de juin, celle du solstice ; encore quelques semaines pour voir la lumière se faire ratiboiser et puis… elle ira croissant.
Cycle éternel, universel, décor d’une existence. Suivre patiemment les changements d’éclairage suivant les saisons. Ces dernières se comptent ainsi au mur qui s’illumine, aux ombres qui l’envahissent graduellement, jusqu’à la cafetière au bout, puis elles refluent et disparaissent.
Noter aussi le mouvement de haut en bas, ramages haut perchés, puis la descente vers le jardin de poche qui les dissimule.
La lumière, comme la mer.
J’ai sous la main cette histoire de « La petite fille et l’étoile » de José Luis Asùnsolo (in La Dama de Suez, Éditions L’iroli, 2020) traduite par Lucile Dulac. En voici un extrait :
— Dis-moi, mer ? Pourquoi es-tu si près certaines fois et d’autres si loin, au point que je ne peux pas te voir ?
— La lune m’ordonne de le faire. Bien que tu me voies si grande et que la lune semble si petite, en réalité, je suis son esclave. Elle m’attire et peut faire ce qu’elle veut de moi.
Marées incontournables. La lune, la mer. Balancement. Fascination.
(27 mai 2021)