LE SECRET (II)
(Monique MERABET)
Comme elle était jolie la Terre, en ce temps-là !
Comme elle était jolie !
Jardin épanoui
Une planète fleur
Corolles de bonheur !
Et les dieux s’y plaisaient
Couronnés de pétales
Et les humains chantaient
Le soir sous les étoiles.
Il a suffi pourtant qu’un jour sonne le glas
Il a suffi pourtant
D’un accord dissonant.
Quand la haine, la peur
Envahirent les cœurs
Les fleurs s’étiolèrent
Comme l’esprit qui dort
Et les dieux désertèrent
La vallée de la mort.
La terre dénudée apparut sans éclat
La terre dénudée
En désert fut changée.
Plus la moindre fleurette
Pour parer son squelette
Plus de teintes moirées
S’échappant des pétales
Plus de rires, de gaieté
(Photo Flickr)
Les lamentations montèrent avec fracas
Et les lamentations
Et les supplications !
Les dieux importunés
Firent pour avoir la paix
Don de manne et de miel
Assouvissant la faim
Mais le deuil éternel
Des fleurs ne tarit point.
Les hommes insatisfaits en quête de la joie
Les hommes insatisfaits
Jusqu’aux dieux sont allés :
Nous avons soif aussi
De rêve, de poésie ;
Offrez-nous les couleurs
Et les parfums ombrés
Par la grâce des fleurs
Nous serons moins épais.
(Photo Monique)
Quand l’esprit bienveillant sur la terre souffla
Quand l’esprit bienveillant
Fit renaître un printemps
De corolles arc-en-ciel
Comme un pacte du ciel
Les calices nacrés
Délivrés, refleurirent
Hommes et dieux apaisés
Retrouvèrent le sourire.
(Photo Irène Dulac)