L'écriture automatique
ÉCRITURE AUTOMATIQUE
Page d’écriture
ce matin attendre
ce qui vient
Enclencher le processus d’écriture automatique. Il me suffit de recopier ce que les feuilles-sténo m’auront noté pendant la nuit.
Inspirées par le vent ou par le silence ou encore par ces petites bêtes qui grimpent, qui grimpent, le long des nervures — Est-ce que cela vous fait frissons ? — qui forent leurs chemins subtils de colonisateurs, qui broient de leurs mandibules vos frontières, qui les brodent d’un feston aléatoire ou qui laissent béances aux contours de cœurs, îles, archipels que je photographie pour un portulan des rêves.
Je peux m’inspirer de leurs calligraphies étranges ou de cette araignée noyée, pattes emmêlées, de ces fourmis agrégées en petits tas de notes dans l’arrosoir… partitions à démêler.
Tous ces glyphes que je ne sais pas vraiment décoder, donnent cependant mots à moudre pour les moulins de l’imagination.
Ils tournent trop vite, trop forts parfois ou au contraire paressent au tempo d’un endormissement de l’esprit, ignorant le vent de l’esprit qui, dit-on, souffle comme il veut.
L’écriture est l’art de rassembler toutes ces choses ressenties, de s’arrêter au détail d’une fleurette-confetti de lilas tombée à mes pieds, un matin de juin.
Lever les yeux
la saison buissonnière
du lilas d’Inde
Cependant qu’un nuage étire ses blancs biceps, King-Kong d’un ciel devenu fiction.
(10 juin 2020)