La dictée

Publié le par Monique MERABET

La dictée

LA DICTÉE

 

Arille 17,

 

Rêver d’atteindre ce point rouge au loin,

avant qu’il ne s’envole,

oiseau de l’été ou papillon.

S’y poser « un jour de palmes, un jour de feuillages au front »

Mêler nostalgie de Noël blanc

et flamboyants

 

La plus haute branche

le cardinal doute-t-il

du rouge à ses plumes ?

 

Doute-t-il de la pureté de ses trilles ?

Mercredi exhibe ses boucles comme si de rien n’était, comme s’il était suffisant d’être Mercredi. Sans état d’âme, la pluie d’hier s’est effacée du ciel ; pas l’ombre d’un nuage pour s’en souvenir.

Les amours orageuses des chats, cette nuit, ont semé bruit et fureur, désordre sur ma véranda. Elles s’apaiseront…

Je ne sais pas trop ce qui me pousse à rapprocher la pluie et les chats. Sans doute la préoccupation de l’infertilité des jours de sécheresse et la fertilité supposée de la petite chatte tigrée qui squatte ma véranda.

Tout ce sur quoi je n’ai aucune prise, aucune maîtrise, ce à quoi je ne peux rien changer… Ah ! La sagesse de prendre la vie comme elle est, de ne s’attacher qu’à l’instant, sans regret de ce qui pourrait être, sans nostalgie de ce qui fut (fût ?)

À me relire, je me demande si je ne me livre pas là à quelques excès grammaticaux, florilège possible d’exemples pour apprenants.

La/dic/tée/ha/chant/tous/les/mots/de/mon/tex/te.

Cet extrait d’une de mes nouvelles « La Mèrkal de Saint-Leu », soumis aux jeunes élèves lors d’un concours d’orthographe. Un passage riche en chausse-trape : passé simple, participe passé, majuscules à bien placer…

Et moi, invitée d’honneur, un peu déstabilisée d’entendre ces phrases destinées à être racontées en lecture expressive, ainsi mâchées, remâchées. Et puis, ma petite histoire méritait-elle d’être ainsi mise anlèr ?

Hier, une amie m’a révélé que je souffrais du syndrome « de l’imposteur », trouble du comportement à toujours se juger « pas assez bonne » pour qu’on puisse s’intéresser à soi ».

Et me voilà bien portante imaginaire. dans ma naïveté, je nommai cette attitude : lucidité, ne pas se prendre au sérieux… des qualités, non ?

 

Petite précision : « La Mèrkal de Saint-Leu » a été publié dans ce recueil Nénènes, porteuses d’enfance, éditions Petra 2017

 

(16 décembre 2020)

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