Abeilles (16 bis)
Pour Anick, Ida, Jean Frantz...
L’abeille et la guêpe.
Sur un arbuste à baies roses,
En fleurs depuis le matin même,
Une abeille se pose en quête de nourriture.
Elle suce par ici, elle aspire par là-bas,
S’affaire partout,
En haut, dessus, dessous.
Elle lèche par là et avale, après cela,
Le nectar délicieux au goût de fleur
D’oranger,
Que le bon Dieu a donné sans compter,
En quantité.
Le jabot bien rempli,
Elle frotte ses deux pattes arrière
Sur la petite poudre jaune,
Sur les fleurs, semée en abondance.
Sur ses pattes, deux petites boules d’or
Accrochées,
Voilà notre insecte prêt à décoller
Pour regagner sa ruche, y déposer
Son paquet doré et puis recommencer.
Mais voilà que se pose juste à côté d’elle
Une belle guêpe au corsage, à la robe,
De jaune et de noir rayés.
Belle comme une miss de La Réunion, elle était,
Avec une poitrine fantaisie,
Un corps bien balancé,
Une taille serrée.
Une Vénus Vespa ressuscitée !
Un mannequin en défilé !
Une vedette, une star en liberté !
Tous les regards sont attirés.
Impossible de résister.
Il n’y a rien à jeter dans cet insecte racé
Auquel tout un chacun veut ressembler.
Et la jalousie prit le dessus.
La guêpe s’est approchée.
-‘’Bonjour, cousine !’’, lui cria t- elle.
La colère de l’abeille par ses gros yeux a jailli :
-‘’Cesse de faire la belle et de te pavaner !
Le mot que tu viens de dire m’a fait mal aux oreilles.
Ca fait longtemps que je n’ai pas entendu
De bêtise pareille.
Depuis quand sommes-nous toutes les deux apparentées ?’’
‘’-Depuis que le bon Dieu, la vie, à nous tous a donné’’,
La guêpe , un peu gênée a répliqué.
-‘’Ton orgueil, je vois, par tes reins serrés
Arrive quand même à passer !
A force de vivre serrée comme tu es,
Tu vas finir par mourir étouffée !’’
-‘’Même corsage pour nous deux, mêmes ailes,
Même dard pour piquer…’’,
La mouche à miel a répété.
-‘’A force de me chercher, tout à l’heure tu vas me trouver,
Espèce d’effrontée !’’, la mouche à miel a rajouté.
A ces mots, Mère Guêpe laisse l’insolente en paix
Et préfère s’envoler.
Mouche à miel, à la ruche,
Déposa son paquet.
Mais l’élégance de la Guêpe
Avait fait son effet,
Et notre butineuse, coûte que coûte,
Voulut lui ressembler sans doute.
Dans un bout de vitre qui traînait
Elle va se regarder.
De se faire belle elle veut bien essayer.
Quitte à souffrir, la beauté, elle veut se l’offrir.
Dans une feuille de vacoa, elle se fait un petit corset.
Sur les liens de serrage, elle n’arrête pas de tirer.
Sur ses côtés, deux grosses boules ont fini par gonfler.
A un bibendum, elle a vite ressemblé…
On sait ce que l’on perd.
On ne sait pas ce que l’on va gagner.
Il faut s’accepter comme on est
Si on veut vivre en paix,
En bonne santé !
Et c'est Huguette qui vous offre cette traduction...