Graines, gousses, épis, etc. (12)
(Photo prise sur le mur du Lazaret de la Grande Chaloupe)
A chacun son grain…
(Huguette PAYET)
Je parierais que ce grain-là,
Vous l’avez peut-être oublié…
Mon désir serait dans ce cas,
Juste d’en montrer l’intérêt.
Ce n’est pas le grain de la gousse
Encore moins celui de l’épi.
Si on ne peut dire qu’il pousse,
On peut, certes, affirmer qu’il vit.
Ce grain intègre le tissu,
Fait comme un gant pour notre corps,
Qui, bien qu’il paraisse nu,
Le porte. C’est sa peau et ses pores.
Dame Nature, à sa surface,
Comme pour nous différencier,
A fané d’autres grains de grâce,
Des duvets lisses, des tons bronzés..
Selon son humeur variable
Elle peut oublier au passage,
Là, quelque épi désagréable,
Ici, tâches qui trahissent l’âge.
Des cicatrices, des vergetures,
Des cals ou autres aspérités,
Mémoire de toutes nos blessures,
Forment la trame de ce grain.
Comme les étoffes et les cuirs,
Il est clair que notre peau
Peut être d’un grain qui fait fuir
Ou d’un grain très rare et très beau.
La merveille du grain de peau
S’admire au bout de nos doigts
Dans des dessins originaux
Différents pour toi et pour moi.
Prions Dieu que la peau de l’homme,
Comme cela se fit quelques fois,
Ne finisse en peau tannée comme
Celle des pauvres bêtes aux abois.
Que la poussière des grains de peau
Féconde tous les grains du monde,
Qu’elle soit matière, qu’elle soit terreau :
La vie continuera sa ronde.