L'étoile de Lémurie
L’ÉTOILE DE LÉMURIE
Altaïr 4,
Approche d’un trou noir.
Tout ce vide ! Je me sens pesante, pesante !
Cela vaut-il la peine de continuer à voguer
dans l’inanité ?
Se laisser aspirer ?
il paraît que de l’autre côté…
Objet mystérieux
se dirigeant vers la terre
dit la NASA…
Ufologues s’abstenir. Que sait-on du cosmos dans lequel on évolue ? Sinon qu’il est en mouvement alors que toutes nos observations le perçoivent immobile, statique.
La terre qui tourne autour du soleil ? J’y crois pas, disait ma voisine qui « avait pas trop été à l’école » ; je vois ce que je vois, hochait-elle la tête, pleine de sous-entendus.
S’en tenir à ce que l’on perçoit, c’est là une base pour interpréter le monde. Après tout, regarder les nuages au couchant, sentir l’approche d’une dépression, n’était-ce pas aussi fiable que toute notre quincaillerie de satellites qui nous promettent la pluie ou le vent tout juste probables ?
Et puis expliquer le cosmos par le bing bang n’est-il pas aussi hasardeux que de broder mythes et légendes du temps où les dieux habitaient notre firmament.
Mais les dieux ont fui le ciel, comme ils ont fui la terre. Las ! Nous n’avons pas su les retenir.
La nuit bleu marine
d’où surgit une étoile
astérie ?
Et l’étoile guidant les rois mages, mis en route dès l’Avent, nous l’avons aussi virée de nos antinomiques « Noëls laïcs ».
Ne reste plus qu’une galette, pâte feuilletée de pacotille… et une « fève », personnage de dessin animé désacralisant les santons…
Ne reste qu’un petit chien en plastique vernissé façon porcelaine, qu’un SDF gardera comme trésor.
Ma nouvelle « Le festin de Balthazar » à retrouver dans Lettres de Lémurie 3, éditions dodovole, paru en 2020.
(3 décembre 2020)