Berceuse sinusoïdale

Publié le par Monique MERABET

Berceuse sinusoïdale

BERCEUSE SINUSOÏDALE

 

 

Deux serpents-pythons

dansent au plafond,

ondulant par ci,

sinuant par là.

Élisa, ravie,

s’écrie : « Areu… la ! »

 

J’veux jouer avec vous,

j’veux courir partout

et faire « À Dada »

dessus les festons

de vos entrelacs.

Quel est votre nom ?

 

Moi, c’est Cosinus !

Et moi, P’tit Sinus !

Nous courons sans trêve

après l’infini.

Dis-nous, belle élève,

où est la sortie ?

 

Je crains de loucher

à trop vous zyeuter.

Vous êtes, je note,

jumeaux et sosies,

trigonozygotes,

modulo 2π.

 

Élisa badaude,

suit quelques périodes

et s’ennuie un brin.

Quelle est monotone

la ronde sans fin

des deux serpents-clones !

 

La belle s’endort

sur un rêve d’or,

construit un triangle

atrappe-trigo,

juste un peu rectangle,

c’est plus rigolo.

 

Puis elle divise

par l’hypoténuse :

côté adjacent,

côté opposé.

C’est un truc marrant

qu’elle a inventé.

(poème extrait de Mathifolades, Monique Merabet, Éditions L’iroli, 2008)

 

L’infini circonscrit à un cercle… qui l’eût cru ?

Un même angle, un même arc, prend une infinité de mesures. Modulo 2π, le concret nous échappe soudain.

Cosinus/sinus, fonctions à l’essence sibylline. Un point se déplace sur un cercle et le ballet inattendu des courbes décrites par leurs coordonnées.

Sinusoïdes de la lumière au plafond qui amusaient l’enfant dans son couffin. J’en ai imaginé la poésie.

Mathématique et Poésie ont toujours fait bon ménage dans ma tête. De tout temps, les poètes de tous lieux, de toutes cultures, se sont pliés à une métrique : nombre de vers, nombre de syllabes, musicalité.

« De la musique avant toute chose » ! Verlaine avait bien raison et pour l’attester, ce matin, de ma fenêtre, « le ciel est par-dessus le toit, si bleu, si calme… »

Et infini.

 

(20 juin 2021)

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