NAHAIWRIMO 2023 (I)
1er février : AUBE
Bleu comme ciel
à l’aube de février
mon nouveau cahier
L’aube est commencement… L’aube est aussi beauté du soleil levant lorsque le Piton des Neiges rosit aux premiers rayons.
C’était à Hell-Bourg, l’hôtel entouré de pitons verdoyants et cette séance de Qi-Gong pour nous apprendre à capter l’énergie. Hélas ! Elle m’a échappé et j’ai fermé les yeux pour mieux écouter les bruits du réveil. Un bon sujet pour haïku ? On va dire tensaku.
J’ai galéré toute la journée à tenter de traduire ce moment de grâce dans un tercet :
Qi-Gong à l’aube
quand s’éclairent les pitons
j’écoute le chant de l’eau
Il était 21 h lorsque je me suis (enfin) rappelé que l’aube est genèse, dès que j’ouvre mes volets. Ce matin-là, une petite fleur…
Mon jardin de l’aube
toile que signe
une fleur d’ail mauve
2 février : GOÛTER
Goûter des vacances
dans la salade de mangues
saveur du piment
Le goûter est affaire d’enfance. Ah ! ces ravaj impromptus que mes cousines et moi prélevions directement à la marmite : patate, chouchou, kanbar, sonj, manioc mis à cuire pour nourrir le cochon. Rien de répugnant dans ces racines fouillés dans la cour de Tonton et qu’on préparait parfois avec du sucre pour la maisonnée.
Et, à la saison des fruits d’été, on composait d’insolites salades de mangues ou pêches pas tout à fait mûres, et d’ananas — toujours produits la cour — assaisonnés de sel, sucre, vinaigre et piment.
Tigouté katrèr
dann salade mang jone
oubli pa in guine piman
Goûters caractéristiques des Hauts, bien loin des tartines et confitures réservées aux gens des villes. Au village, le pain se cuisait le samedi dans le four à bois du Chinois, souvent croûte brûlée et mie trop molle…
Goûter du dimanche
barre de chocolat Meunier
dans mon macatia
On avait aussi une variante :
Pain grillé
au foyer de la cuisine
« beurré » de saindoux
3 février : CRÉPUSCULE
Chant assourdi
l’oiseau venu à la brune
se souvient…
Le crépuscule a toujours pour moi la tendre nostalgie de ce qui finit, de ceux qui ont vécu et disparu…
Et cet oiseau (bulbul) venant chaque jour chanter vêpres sur le balcon. Son ami l’oiseau qui apportait paix à son âme navrée de ne plus voir.
Maintenant qu’il n’est plus, à l’heure où l’absence s’installe aux derniers feux, j’allume toutes les petites lampes colorées du salon, lumières rassurantes avant l’obscurité du sommeil.
Et puis l’envoi de Blandine (avec preuve en image) :
L’œil dans l’orchidée
nuances du crépuscule
en miniature (Blandine Berne)
Et voilà que dans la quasi fraîcheur du soir qui tombe, en arrosant, j’aperçois… l’orchidée verte !
À peine visible
l’orchidée du crépuscule
a capté le rayon vert