Les transgressions du conflore

Publié le par Monique MERABET

Les transgressions du conflore

LES TRANSGRESSIONS DU CONFLORE

 

Jardin sur ruelle

têtes rouges des conflores

comme sentinelles

 

J’aime la fleur du conflore quand elle est encore crête crénelant le vert des feuilles. Elle ramène au présent tout un passé de dinosaures.

Peut-être la Terre a-t-elle gardé semence de cette souvenance, ADN transmis en contrebande, gènes de ce qui fut engendrant ce qui est ?

Règnes transgressés. Faut-il croire à une origine commune non genrée du vivant ?

Au matin, je me remémorai les fausses transgressions des chansons paillardes entonnées aux festins-beuveries… lorsqu’un vicomte rencontre d’autres vicomtes, pour histoires de vicomtes éculées. Oh, la lueur coquine illuminant les yeux de respectables « notaires », de doctes professeurs débitant sous-entendus grivois, l’alcool débridant les interdits !

Mais ces chansons qu’ils s’imaginent bravant les interdits, ne sont ni pamphlets, ni revendications, rien de révolutionnaires en tout cas. Elles ne visent qu’à égratigner les bonnes manières hypocrites d’une époque, glorifiant en fait les assignations d’une société de mâles dominants et de femmes réduites au statut de catins ou de naïves ingénues dont on se gausse et qu’on s’apprête à « dessaler ».

Ah ! revenir aux crêtes rutilantes, cocoricos fleuris en mon jardin !

 

Citronnier « main de Bouddha »

d’un geste sûr elle débusque

la chenille

 

Rien qu’en observant les mâchures aux feuilles, elle en avait décelé la présence de la chenille du papillon de Vinson… métamorphose mainte fois déclinée dans les yeux émerveillés d’une classe de Maternelle.

Je préfèrerai toujours l’histoire naturelle des fleurs et papillons aux distorsions « érotiques » qu’on applique aux humains… et aux fleurs aussi parfois.

 

Fond d’écran

sur mon ordi un crocus

aux mauves intimes

 

Rien à fantasmer cependant. Les corolles ne sont ni lascives, ni impudiques ; elles ne sont que beauté, parfum, saveur.

Je prendrai pour exemple le canna indica appelé conflore à La Réunion. Plante herbacée commune, genre « mi pouss mon tousèl », elle est (était ?) très répandue dans les cours et campagnes réunionnaises. On peut en manger le rhizome, on peut en retirer une fécule, poude konflor servant de farine ou encore bénéficier de ses vertus diurétiques et cicatrisantes.

Mais l’utilisation la plus poétique m’a été confiée par l’amie Isabelle des Jardins Créoles.

 

Cueillir au passage

quelques pétales rouges

pour la salade

 

Quand Isabelle vient en mon jardin, mes karo zèrb (dont j’ignore le nom) s’ennoblissent en brèdes ou tisanes. (15 mars 2024)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article