Qu'est-ce que je vais bien pouvoir écrire?
buis de Chine
ses graines voyagent
sur le net
(Pour Monika)
QU’EST-CE QUE JE VAIS BIEN POUVOIR ÉCRIRE ?
Il y a des matins où l’esprit s’englue dans un réseau rouillé de neurones mal réveillés. Ds matins « Il n’y a rien à voir ! Buvez votre café. » Ce matin, rien ne m’inspire.
Les belles-de-nuit ? Et alors ! En quoi sont-elles différentes de celles d’hier ?
Un oiseau sur les fils ? Déjà vu, entendu.
Le parfum encore pénétrant du buis de Chine ? Ah ! Il dure encore celui-là…
Buis de Chine par dovan
galabèr par dérièr
zanbrokal lodër
Ouais, le vent… il date d’hier lui aussi.
Matin d’indifférence. Matin de fermeture, de sensations closes. C’est lundi, après tout…
Dans « Le haïku en herbe », isabel Asùnsolo dit : « Le haïjin ne se met pas à attendre l’inspiration pour écrire, il va au devant de la vie et de l’écriture. » Belles paroles mais suis-je seulement haïjin aujourd’hui ?
Regard dans le vague
une mangue roule à mes pieds
touchée !
Le généreux optimiste de la remarque d’isabel n’agit pas toujours. Mais cela m’aura au moins donné le plaisir de relire quelques pages de son livre.
Autre technique : celle d’une jeune amie haïjin qui me confiait : « Au lieu de se dire : tiens ! c’est beau, il faut que je le retranscrive en haïku, il faut simplement le laisser venir. Sinon, on est trop tendu, trop sous pression. »
Attendre, oui… attendre que cela vienne, que le haïku me surprenne dans mon indolence.
Ou alors, choisir une troisième voie, celle que je pratique avec allégresse, sinon avec bonheur. Je suis adepte du « Quand on n’a rien à dire (à écrire), faut le crier bien fort » Et pourquoi pas, Surtout quand je peux citer abondamment les autres. Voilà qui fait avancer le schmilblick.
Mais la vraie raison de mon aveuglement d’aujourd’hui, c’est que j’aurais tellement envie de l’écrire ce haïku mangue/ grenadine évoqué hier… Mon esprit tendu vers hier ne laisse rien passer des merveilles d’aujourd’hui.
Les chants d’oiseaux s’accentuent de l’autre côté de la maison ; je reconnais le chant de gorge des tourterelles rappelant un coassement (cela fait bien longtemps que je n’ai pas vu de crapaud). Ils m’appellent au jardin, là où l’herbe est plus verte (plus haute aussi ! Aïe !), là où m’attend peut-être…
Cœur battant
pousser le petit portail
l’orchidée-crabe ?
(Monique MERABET, 27 Février 2012) .