Le goût du sel

Publié le par Monique MERABET

Le goût du sel

LE GOÛT DU SEL

 

 

 

Bord de mer

parfois comme un bruit

de papier qu’on froisse

 

S’attarder aux multiples murmures du monde.

Promenade au bord de mer aujourd’hui : toujours ce bout de chemin désolé longeant le cimetière.

 

Sans un arbre

tombes oubliées

au sable du temps

 

Je songe avec nostalgie aux frangipaniers des jolis cimetières du Piton Saint-Leu ou des Avirons.

Se tourner plutôt côté mer : barrière de rochers basaltiques nous séparant de l’océan qui bat, paysage de ressassement des vagues.

 

Entre deux rochers

un petit carré d’écume

mon cœur qui s’ennuie

 

Les pensées viennent ricocher sur les pierres mutiques que l’ombre d’un lézard à crête pourrait suffire à combler de calligraphies… mais qui pourrait aussi nous plonger au temps de l’ère sombre d’antédiluviens dinosaures.

Nul mouvement ne vient cependant animer le basalte, nul signe de vivant. Nos sens engourdis restent en suspension entre le gris du ciel et le gris de l’océan, attendant la délivre d’un embrun, d’un rayon, de quelque petit rien pou détak lo kèr.  

 

nuances de gris

paroles du bout des lèvres

on parle pourcentages

 

Et soudain me vient nostalgie du goût de la mer. Celle des bassins clairs de Pointe-au-sel autrefois : barbotage derrière un rocher qui ne nous mettait pas à l’abri d’un éclaboussement salé que la mer nous projetait en pleine figure. Nos cris effrayés : « Mon Dieu ! va mouille mon cheveu ! »

Ce soir peut-être retrouverai-je sous la douche cette saveur sacrée que m’auront laissée d’hypothétiques embruns. Le sel de vie.

 

Croquer les amandes

éclatées – chocolat

au sel de guérande

 

(21 septembre 2019)

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