Le goût du sel
LE GOÛT DU SEL
Bord de mer
parfois comme un bruit
de papier qu’on froisse
S’attarder aux multiples murmures du monde.
Promenade au bord de mer aujourd’hui : toujours ce bout de chemin désolé longeant le cimetière.
Sans un arbre
tombes oubliées
au sable du temps
Je songe avec nostalgie aux frangipaniers des jolis cimetières du Piton Saint-Leu ou des Avirons.
Se tourner plutôt côté mer : barrière de rochers basaltiques nous séparant de l’océan qui bat, paysage de ressassement des vagues.
Entre deux rochers
un petit carré d’écume
mon cœur qui s’ennuie
Les pensées viennent ricocher sur les pierres mutiques que l’ombre d’un lézard à crête pourrait suffire à combler de calligraphies… mais qui pourrait aussi nous plonger au temps de l’ère sombre d’antédiluviens dinosaures.
Nul mouvement ne vient cependant animer le basalte, nul signe de vivant. Nos sens engourdis restent en suspension entre le gris du ciel et le gris de l’océan, attendant la délivre d’un embrun, d’un rayon, de quelque petit rien pou détak lo kèr.
nuances de gris
paroles du bout des lèvres
on parle pourcentages
Et soudain me vient nostalgie du goût de la mer. Celle des bassins clairs de Pointe-au-sel autrefois : barbotage derrière un rocher qui ne nous mettait pas à l’abri d’un éclaboussement salé que la mer nous projetait en pleine figure. Nos cris effrayés : « Mon Dieu ! va mouille mon cheveu ! »
Ce soir peut-être retrouverai-je sous la douche cette saveur sacrée que m’auront laissée d’hypothétiques embruns. Le sel de vie.
Croquer les amandes
éclatées – chocolat
au sel de guérande
(21 septembre 2019)