LE SECRET (XIII)
(Monique MERABET)
Vois l’antique moulin campé sur la colline !
Ses fers ont capturé tous les secrets du vent.
Doux zéphyr, ouragan à l’humeur sauvagine
L’ont adoubé jadis en féal confident.
Il reçut du mistral, les parfums de garrigue
De l’aquilon fiévreux, les poudreuses d’antan ;
La force du noroît lui apprit quelque gigue ;
Il but aux souffles chauds portés par l’harmattan.
La rose des saisons mua, bouquet d’épines,
Lui gravant en plein cœur de lourds scellés d’oubli.
Quand mourut la noria des ailes ballerines
Son noble bois s’émut de finir pilori.
Bien loin, se sont enfuis les chants sacrés d’Eole,
Réduits en cendre fine et dispersés au Temps.
Les pales ont tourné, dansant la Carmagnole
Des souvenirs déchus, coincés sur leurs battants.