Chien ou chat
CHIEN OU CHAT
La chatte blanche me regarde longuement. Dès qu’elle m’a vu ouvrir les volets au balcon, elle a jailli du jardin d’à côté – ce n’est pas le sien – comme un ballon de peluche échappé d’un rêve d’enfant.
Panache blanc
la chatte me défie de dire
où elle a passé la nuit
Sa queue touffue dressée, elle s’immobilise dans la ruelle et me fixe effrontément, l’air de dire « Dénonce-moi, si tu l’oses ! » avant de se réfugier chez elle où l’attendent des mains caressantes. C’est elle aussi, sûrement, qui est responsable du chemin de pas barbouillant mon pare-brise.
Comment comprendre, décoder le comportement animal envers nous les humains, nous qui nous croyons leurs maîtres ? Ce sentiment de défiance que je lui prête est peut-être complètement erroné. Après tout, qui sait si elle n’éprouve pas de la tendresse envers moi… envers mon jardin ?
Enfin, quand j’écris « mon jardin », c’est une appréciation toute personnelle, étrangère à sa mentalité de félin. Pour elle, toute la ruelle, tous les murets gorgés de soleil, tous les coussins oubliés la nuit sur les fauteuils, tous les arbres et leurs oiseaux, tous les lézards… lui appartiennent. C’est moi qui joue le rôle d’intruse.
La course aux chats
le geste de propriétaire
de la chienne
J’aime les chats. J’ai beaucoup d’admiration pour leur élégance, leur souplesse, leur fierté, leur indépendance. Leur belle nonchalance ne déparerait pas mon jardin.
Mais j’ai déjà quelqu’un dans mon cœur, dans ma vie : une grosse pataude de Doria… la chienne qui gémit d’impatience que je lui ouvre le petit portail, que je l’autorise à courir après les traces des chats de la nuit.
Le jasmin fleuri
Doria renifle…
parfum de chat
Elle les pourchasse sans trêve, jusque sous la voiture. Elle ne manque pas de souplesse non plus, ma chienne. « MA » ?...
(Monique MERABET, 2 Juin 2012)