Dimanche, on tourne... les pages (32)

Publié le par Monique MERABET

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AIMER LA PLUIE, AIMER LA VIE

(Dominique LOREAU)

 

 

 

Pourquoi ?

les gouttes sur le gravier

me remplissent de joie

 

Oui, chaque matin pluvieux éveille en moi le goût de vivre une journée en marge du quotidien : grâce matinée ! J’énumère alors mentalement tout ce que je ne peux pas « faire » aujourd’hui, tout ce qui peut remis à demain ou… à jamais.

Et tout à coup, mon matin miraculeusement désencombré des soucis terre à terre, se trouve apte à se consacrer à l’essentiel : guetter à travers le rideau fluide des gouttes, d’autres lignes d’eau à l’infini, qui passent sans laisser de trace, une fois l’ondée finie.

Je suis libre de me prêter au jeu de l’écriture aussi, laisser filer mon stylo comme l’eau qi s’écoule, sans réfléchir, les pensées devenues gouttes de pluie.

Mais la plupart du temps, la pluie ouvre pour moi la perspective de longues heures de lecture, sans être dérangée. Et, par cette petite pluie fine d’Août,  quel ouvrage aurai-je mieux choisi que « AIMER LA PLUIE, AIMER LA VIE » de Dominique LOREAU ?

Quel enchantement à suivre ce beau programme de vie, d’inspiration haïkiste, que l’auteure nous suggère ! Dominique LOREAU vit au Japon et partage avec nous ce qu’elle a appris des formes philosophiques issues du zen et de l’univers des peintres et des  japonais ou chinois. Et bien entendu, le haïku y a sa place.

 

« Dans ce livre, le haïku m’accompagnera : d’origine japonaise, laconique et imagé, il cristallise l’instant dans toute sa plénitude et incite à s’impliquer corps et âme au présent », nous dit l’auteur dans sa préface.

 

J’ai retrouvé dans cet ouvrage, tout ce qui tisse une ambiance propice à la cueillette des haïkus, cet état d’esprit si particulier qui permet de goûter à chacun des instants sans l’accaparer.

 

« Savoir être à la fois absent et présent, rester attentif aux détails de la vie sans leur retirer leur poésie, tel est le juste milieu. »

 

J’y ai retrouvé aussi ce plaisir d’être, de ressentir dans un monde soudain devenu liquide, impondérable, intemporel.

Les réflexions de Dominique LOREAU sont richement et judicieusement accompagnées de citations : extraits de prose ou haïkus, en grande majorité, ceux des classiques japonais. Belle anthologie de haïkus-pluie ! Je ne citerai que celui-ci :

 

Jour de pluie

Au travers des vitraux

Le jasmin jaune                   (Marcel Peltier)

 

Que dire encore de ce précieux carnet de notes d’un voyage outre-pluie ? Je crois que le plus sage, c’est d’aller savourer chacune de ces pages in situ.

Pour le plaisir, je recopie quand même cet extrait d’un texte de Alan Wyatts (La philosophie du tao) :

 

«  La pluie que vous regardez sur un jardin est belle, mais ne cherchez pas à en tirer un sermon. Au diable les sermons de pierre et les « Dieu est partout » ! Contentez-vous d’en profiter ! Ne vous croyez pas obligé, pour le salut de votre conscience, de prétendre que vous cultivez ainsi votre sens de l’esthétique. Profitez de cette pluie et vous serez en parfaite santé mentale. Vous n’avez rien à FAIRE,… »

 

(Monique MERABET, 11 Août 2013)

Publié dans LIRE

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I
<br /> C'est frais et délicieux, cette promenade sous la pluie, moi aussi j'aime regarder tomber les gouttes et me délecte du plaisir de mes amies plantes qui se régalent de ce cadeau du ciel.<br /> <br /> <br /> Merci pour ces moments cueillis dans l'instants donc si précieux.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> ISabel<br />
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M
<br /> <br /> Ah! Voir les plantes reprendre vie, c'est le plus beau cadeau que nous fait la pluie.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> J'ai bien été étonné de m'y retrouver : un haïku d'il y a 10 ans sélectionné par Serge Tomé et repris par l'auteure. En effet, un beau livre que j'ai lu également.<br />
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