Le buis des Rameaux
LE BUIS DES RAMEAUX
Jour des Rameaux
les fleurs du buis de Chine
fanées dès lundi…
Le buis : mon kigo d’enfance. Chez nous, il ne fallait pas rater les cérémonies religieuses de la Semaine Sainte. Et pour la messe du dimanche des Rameaux, nous apportions à l’église quelques branchages prélevés à un pied de palmiste. Il y en avait toujours un dans le jardin : il trônerait sans doute en carry pour le festin de Pâques.
Munie de mon lambeau de palme, j’enviais ceux qui avaient un rameau de buis à la main. J’enviais le buis parce qu’il n’y en avait pas à la maison. Ailleurs l’herbe est toujours plus verte.
Ce n’est que bien des années plus tard que j’ai retrouvé ce buis « sacré ». Il s’agit en fait d’un jasmin qui se couvre de fleurs blanches et parfumées suivant les caprices météorologiques. Dernièrement…
Canopée blanche
du buis – allons voir
si l’abeille d’Avril…
Oui, il y avait même une abeille, une solitaire, contre-saison. Et mon ironie est retombée à plat quand nous avons subi ces terrifiants orages que rien ne laissait prévoir en plein cœur d’Avril. Comment fait-il cet arbrisseau de mon jardin pour capter au fin fond du ciel un effluve de nuage d’orage ?
Mais bien sûr, ce n’est pas pour ses floraisons imprévisibles, qu’on l’a choisi pour la cérémonie des rameaux : c’est à cause de la ressemblance de ses feuilles avec celles de l’olivier qu’on rencontre rarement sous nos latitudes tropicales.
Rameaux d’olivier
liesse et palmes pour un roi
ô foule inconstante
Pourquoi changer en épines
la couronne d’Hosannah ?
Non ! Les fleurs ne semblent pas de mise pour cette « Fête » ratée. Celle de la trahison. Celle de la duplicité des multitudes. Entre l’allégresse des « Vive Jésus » suivie dans l’intervalle de quelques jours par la haine des « Vive Barrabas » il n’y a qu’un raccourci saisissant … d’une Passion.
Jour des Rameaux… Qui s’en soucie encore aujourd’hui ?
Moi j’en ai gardé comme les prémices d’une semaine de recueillement vers la Joie chrétienne de la Résurrection. Une semaine pendant laquelle, j’aime méditer sur tous ces évènements si forts si chargés de signification : commémoration de ces jours de Passion, de souffrance, du passage de la Mort vers la Vie triomphante. Quelles que soient notre foi, nos croyances ou non-croyances, il reste une magnifique ouverture sur le mystère de notre existence, sur l’acceptation de notre destin de naître et disparaître. La sérénité aussi de la permanence de la Vie même si nous n’en avons conscience que d’une éphémère partie.
C’est Dimanche
un nuage passe
je suis là