Les haïkus de Manapany

Publié le par Monique MERABET

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LES HAÏKUS DE MANAPANY

(Salon Arts Nature 2011)

 

 

 

jardin suspendu

de l’expo « arts-nature »

la vague si haute!

 

Manapany…  Et ce refrain de Jean Ferrat qui affleure ma mémoire :

 

« Tu peux m’ouvrir cent fois les bras

C’est toujours la première fois »

 

Á chaque nouvelle visite, l’enchantement de la redécouverte, le même coup de cœur et la conviction que c’est là qu’il faut vivre.

Là, les oreilles remplies du battement des vagues…

Là, assise sur une roche piquée, peut-être un antique corail devenu fleur de terre, les pieds vaguant au gré de la dentelle d’écume que l’océan déroule sans cesse : invitation pérenne à communier avec lui, à lui confier son âme pour un voyage qui durera le temps d’une éternité.

L’éternité d’un instant inscrite dans un haïku avec Alice ou Elisa, Juliette ou Charlotte, les quatre petites fées venues partager avec moi la grâce de lire, d’écrire un de ces petits instantanés de vie.

 

mon haïku

que d’instants écoulés

d’une ligne à l’autre

 

un, deux, trois

oiseaux qui passez

en trois lignes

 

Univers magique du haïku, poésie que chacun  porte en soi et qui jaillit, se déploie, s’épanouit en un tercet que l’on peut partager sans frein, que chaque lecteur nourrit de ses propres sensations, de son propre imaginaire. Ainsi ce haïku que j’aime apporter en exemple au début d’un atelier :

 

dimanche d’été/un ballon orange va/du soleil à l’ombre ( haïku cité par Isabel Asùnsolo dans « Expressions », le journal des ADEX, octobre 2010)

 

il me paraissait sans surprise, après tous les commentaires sur les mouvements supposés au ballon et même la dimension « spirituelle » du soleil et de l’ombre, raccourci de nos vies, joies et peines mêlées. Aujourd’hui, Alice (10 ans) a su me surprendre en me déclarant que le ballon changeait de couleur et qu’il prenait sa vraie couleur orange quand on le voyait à l’ombre.

Alice au pays des haïkus, un monde qu’elle s’est mise à explorer en observant ce qui l’entourait, la mer, une fleur de lotus posée sur la table, un serpent de fleurs ondulant sur un tableau. Je l’ai aidée (peut-être maladroitement ?) pour la mise en forme :

 

le caillou blanc

se reflétant dans la mer

je le vois bleu                 (Alice)

 

le petit lotus

dans la nouvelle lune

éclairant ma vie     (Alice)

 

un serpent passe

tourbillons de la mare

sous les fleurs                (Alice)

 

Que je n’oublie pas aussi de mentionner ceux d’Élisa (9 ans):

 

la mer danse

les cailloux et les poissons

avec elle

 

 

mon ombre

me suit partout

même dans la mer

 

… ce dernier directement inspiré d’un panneau reproduisant une page (l’ombre bleue) du dernier album d’Isabelle HOARAU « Je vois la vie en bleu »

 

Je suis toujours émerveillée par la grâce avec laquelle certains enfants se glissent dans l’écriture de haïkus. Sans a priori et sans appréhension…

C’est toujours plus difficile avec les adultes. Souvent ils essaient de « composer » un texte conforme aux « règles »… mais quelles règles ?

Moi je n’en connais qu’une : exprimer ce que nos sens nous donnent à ressentir d’un instant vécu. On ne compose pas un haïku comme on compose un bouquet. Enfin, c’est ce qu’il me semble.  

 

le p’tit bout d’la queue

du chien – ces liserons tombent

n’importe où

 

Et les haïkus arrivent quand ils le veulent… et quand on sait les accueillir.

 

(Monique MERABET, 1er Octobre 2011)

 

 

Publié dans Evènements

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