Matin quotidien
MATIN QUOTIDIEN
Compter les gouttes
que n’auront pas bue
les liserons
La pluie dans la nuit. Les flaques. Les arbres trop grands. La flèche rouge de la grue et les murs trop hauts qui me cachent les nuages. Matin au quotidien. No comment…
Et puis, ces haïkus, triés, recopiés hier soir : pas fameux !
Le cardinal orange – qui revient un peu trop souvent dans mes écrits… lui devrai-je des droits d’auteur ? – me distrait de ces pensées tristounettes.
Mes haïkus ratés s’insèrent parfois plutôt bien dans un haïbun. Y a-t-il une facture particulière aux haïkus destinés à se fondre dans une histoire ? J’ai souvent pensé que les tercets devraient toujours se lire séparément, indépendamment du texte en prose qui le contient ; je n’en suis plus si sûre.
Ce qui est certain, c’est que la prose soutient le haïku, lui donne un éclairage. Si on isole les tercets de leur contexte, il arrive souvent – en tout cas, pour les miens – qu’ils perdent de leur lumière, de leur sens et ne demeure qu’un assemblage de trois lignes sibyllines.
Ce petit bruit… serait-ce la pluie ? Le sillage d’un avion blanc dans la partie dégagée du ciel fonce vers le nuage, cependant qu’en sens contraire, les ailes sombres d’un oiseau… que je n’ai pas le loisir d’identifier.
Au passage
un nuage laisse
quelques gouttes
La pluie et le soleil… ensemble. Ne manque plus que la lune. Pour décrire cet état météorologique, le créole dit : « Grandiab la tué sa fame pou maryié sanm sa fiy* ». Comprenne qui pourra ! Certaines expressions créoles sont d’origine bien mystérieuse parfois !
Un moineau
hausse le col pour regarder
dans la marmite
Son si gracieux mouvement ! Mais les oiseaux sont toujours élégants. Dans leurs pensées aussi, je parie. Pourquoi auraient-ils des pensées mesquines ? Ils savent que leur Père céleste veille sur eux. En comparaison, quel méli-mélo de cochonneries nous trimballons dans nos têtes, nous les humains !
Heureusement, naît parfois un haïku, un poème… une fleur poussant sur un tas de fumier. Ah ! ne dire, n’écrire que la beauté !
Les fleurs et les oiseaux ne sont-ils pas signes divins, seuls aptes à sauver le monde ?
Le cardinal
perché sur le paravent
juste pour moi
(Monique MERABET, 8 Mars 2013)
* Le diable a tué sa femme pour se marier avec sa fille