Sous le manguier

Publié le par Monique MERABET

Sous le manguier

SOUS LE MANGUIER

 

 

 

Lève-tard

vite ouvrir les volets

sur mon visage

la farine

de pluie

 

Contre le mur jaspé de moisissures, le rose discret des belles de nuit qui se ferment. Closes pour la journée même si celle-ci s’annonce brumeuse.

Les fleurs ne connaissent pas l’insomnie ; j’envie leur horloge biologique immuable.

Il suffit parfois d’un moustique pour que je l’on se retrouve éveillé, égaré dans l’obscurité. Certains se lèvent, lisent, écrivent, repassent… mon âge sait qu’il ne peut sauter une séquence de sommeil sans dommage.

Alors, je choisis de rester là, d’attendre dans le noir, reposer au mieux mes os et mes muscles, chasser les pensées soucieuses. Attendre. Apprivoiser le chant des acouphènes, contrepoint au silence de la ville.

Parfois, un cri s’élève. Un animal ? Un enfant ? Il est souffrance. On n’entend guère de rires émailler l’après minuit. Un éclat de voix, une porte qui claque, un volet qui grince… pas toujours la faute au vent.

Nuit rendue encore plus terrifiante par l’absence de lune. Déshérence.

 

Le tronc nu

un spectre posé

dans le noir

volets refermés

sur la peur

 

Sous les arbres de la cour, les ombres s’approfondissent, se densifient. Là, au pied du manguier, la forme d’un… cercueil ?

Tout un monde d’invisibles, d’apparitions remonte à la surface. Peur de ce qui pourrait surgir, de ce qui dort sous la terre, de ce qui pourrait jaillir d’un subconscient glauque et turbide. Cauchemar d’un magma susceptible de se projeter en volcan.

 

Oiseaux blancs de l’aube

le manguier n’est qu’un fouillis

de chants

 

(24 Octobre 2017)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article