Envie de lire (6)

Publié le par Monique MERABET

 

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(image Flickr)

 

 

 

LE REMPLAÇANT (Agnès Desarthe)

 

Editions de l’Olivier (Avril 2006)

 

Un fort joli petit livre dont la lecture m’a enchanté.

J’ai beaucoup aimé cette plongée dans l’univers de l’enfant qui reste toujours plus ou moins délibérément à l’écart du monde réel, se raccrochant obstinément à la vision des choses qui agresse le moins son monde intérieur.

D’où le flou enrobant les épisodes de la vie familiale dont on veut retrouver les traces à l’âge adulte… et on est alors obligé de se contenter des pointillés des souvenirs restés parcellaires.

Mais, au fond, cette façon de se remémorer apporte autant d’authenticité qu’une recherche historique bien documentée. D’ailleurs, l’auteure avoue : « Je préfère inventer ».

Inventée donc, cette histoire du grand-père de remplacement ? … le vrai grand-père ayant disparu à Auschwitz. Pas si sûr puisque la vérité finit toujours par pointer le bout de son nez et les souvenirs occultés refont surface au moment où l’on s’y attend le moins. Ainsi cette anecdote époustouflante de la recette du pletz de la grand-mère disparue… que lapetite-fille lit dans tous ses détails en tournant les pages d’un livre de cuisine juive et puis qui s’évapore lorsqu’elle se met en tête de réaliser le plat. Plus aucune trace écrite !

Le remplaçant est ainsi une œuvre concise et dense que j’ai appréciée jusqu’à la surprise finale où l’on apprend que le héros n’est pas vraiment le héros… Mais je n’en dis pas plus et je laisse le mot de la fin à Agnès Desarthe :

« J’écris toujours l’histoire d’à côté, jamais celle que j’avais prévue… »

 

Monique MERABET (21 Juin 2010)  

 

Quelques citations:

 

"Chaque jour nous rééditons l'exploit d'une imbécillité heureuse qui consiste à nous croire éternels."

 

"Quand il n'y a plus à boire ni à manger, quand on ne dort plus, que le jour se fond dans la nuit, il reste encore les histoires, les cérémonies, les spectacles, toutes choses que beaucoup ont tendance à considérer comme futiles et qui signifient pourtant l'appartenance à l'humanité..."

 

"Le problème avec le livre c'est qu'ils n'obéissent pas à leur auteur. On choisit un héros et voilà qu'un personnage secondaire brigue le premier plan, on construit une histoire mais une demi-page d'écriture s'empresse de la déconstruire."

 

 

 

Publié dans LIRE

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B
<br /> <br /> Merci du partage,interessant!<br /> <br /> <br /> <br />
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