Soudain l'oiseau

Publié le par Monique MERABET

Soudain l'oiseau

SOUDAIN, L’OISEAU

 

 

 

Gris, froid, humide. Les oiseaux attendent sur les fils. Et soudain, l’assurance que le soleil viendra, qu’il sera là. Pour les oiseaux. À cause des oiseaux ?

Que serait le monde sans eux ? Que serait ma vie ?

Les nuages eux-mêmes s’inspirent de leurs formes, de leurs mouvements : planant, ailes déployées, picorant le bleu en dessous, prélevant quelque flocon…

Mon ciel austral qui ne connaît pas la neige, sans un vol d’oies sauvages, sans une cigogne retour des beaux jours. Cela me manque parfois.

Mais les migrateurs, comment seraient-ils accueillis sur l’île, urbanisée, cerclée de béton ? L’île qui sertit ses montagnes d’un halo de lumières, prenant au piège les pétrels lorsqu’ils quittent leurs remparts de nidification.

Pétrels de Barreau, nos endémiques… ils passent leur jeune âge dans des trous rocheux, au cœur de l’île, gavés par leurs parents puis subrepticement abandonnés : Tu gagneras le large par la force de tes ailes, mon fils ; un an à vivre entre ciel et eau, à plonger vers un banc de poissons, horizon bleuté pour l’éternité. Tu reviendras vers l’île natale, vers un royaume de pics et de pitons pour y poser ton œuf, élever ton oisillon, ma fille.

Et tout recommencera.

 

Pâle sur le mur

la lumière venue

d’outre nuages

 

Je pense à vous et, le temps de l’écrire, les nues se sont massées vers l’est, déchiquetées d’aiguillons. Ultime rempart au soleil d’hiver.

 

(10 juillet 2018)

Publié dans Habiller la lune

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J
Un joli texte, Monique, merci !
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M
C'est certainement grâce aux oiseaux... ils illuminent l'écriture.