Que de fleurs!

Publié le par Monique MERABET

Que de fleurs!

QUE DE FLEURS !

 

 

 

Les fleurs de l’expo

ramener toutes ces couleurs

des bonbons fondants

 

Que de fleurs ! Que de fleurs ! Nouvelles plantes hybrides, OGM issues de manipulations, de forçages, plantes venues de loin, feuilles en colimaçon, jamais vu, ma fille, plantes échevelées, belles d’un jour, hibiscus larges comme des cibles, nous accueillant à l’entrée… Ces végétaux n’ont aucune chance de prospérer en mon jardin bohème ; elles péricliteraient sans leur substrat chimique, leur engrais spécifique. 

On me rétorquera peut-être que les gens préfèrent les orchidées aux fleurs des champs. Que je suis la seule à espérer me procurer un plant de longoz, de capucine, de marguerite folle, de carottes sauvages. Ah ! Tu n’y penses pas… des envahissantes !

Bon alors, est-ce trop demander que de trouver de la menthe qui sent la menthe et non pas le chocolat, du géranium qui sent le géranium et non la fraise ou le poivre… Un zanbrokal de parfums, un karisoudri… rien à voir avec les senteurs familières de mon enfance. Dans l’espace off, situé à l’extérieur, j’ai acheté un plant de fraisier. Je le regarde avec un peu de méfiance. Et s’il me donnait des cerises, voire des pastèques ?

Sur mon balcon végète encore une sorte de houx panaché qui n’a pas grandi d’un millimètre depuis trois ans. Mais il est toujours vivant, de quoi je me plains ?

Retour à ces plantes la cour transplantées dans un bidon de lait ou un vieil arrosoir coupé, récup de tout ce qui peut être réutilisé jusqu’aux chopines de limonade autrefois qui faisaient de jolies barrières aux parterres…

Au marché du vendredi, on trouve encore de ces plants qui voyagent d’un jardin à l’autre et souvent, la surprise d’une plante clandestine comme un bringellier (arbuste aux feuilles veloutées — on s’en servait pour la vaisselle — et aux fleurs bleues, espèce qui n’a plus d’utilité aujourd’hui, qu’on qualifie donc de nuisible et qu’on élimine des cours des Hauts) ou un pied l’encens (baies roses).

Les espèces rares, je les laisse sans regret ? dans mon jardinet soumis aux affres de trop de vent, trop ou pas assez de pluie, la nature suit son chemin de saisons climatiques : tout vit, se fane et meurt… et les graines germent, des surgeons d’arbre à pain essaiment aux quatre coins. Rien de dramatique.

Je me contente d’arroser. Régulièrement. C’est mon jardin.

 

(9 aout 2018)

Publié dans Habiller la lune

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