Dimanche on tourne... les pages (11)
LA PRIÈRE D’AUDUBON
(ISAKA Kôtarô)
Roman paru aux Éditions Philippe Picquier
La quatrième de couverture :
Un jeune informaticien, Itô, se réveille un beau matin sur une île inconnue. Une île qui s’est refermée sur elle-même, il y a cent cinquante ans, au moment précis où le reste du Japon s’ouvrait au monde.
Accompagné d’un étrange guide, il part à la découverte de l’île et de ses habitants, insolites et attachants : un peintre qui ment comme il respire, une fillette à l’écoute des battements de son cœur, un justicier poète amoureux des fleurs et, surtout, un épouvantail capable de prédire l’avenir. On retrouve bientôt ce dernier démembré aux quatre coins d’une rizière. Qui a commis cet acte abominable qui s’apparente à un meurtre ?
Cette question est une clé ouvrant sur bien d’autres énigmes et morts inexpliquées.
Héritier moderne d’Alice au pays des merveilles, Itô ira de découverte en découverte, au fil d’un récit haletant, où fantastique et humour s’ombrent de cruauté, tandis que l’intrigue, de disparitions en coups de théâtre, s’assemble brillamment comme un puzzle dont toutes les pièces trouveront leur place à la fin.
Ma chronique du 21 Février 2013
L’arc-en-ciel était orienté à l’Ouest, lundi dernier. La pluie venait de l’Ouest : c’est la tempête tropicale positionnée dans le golfe du Mozambique qui en est la cause.
Je vis à la Réunion et, le plus drôle de l’affaire, c’est que j’ai découvert cette corrélation arc-en-ciel/front pluvieux en lisant « La prière d’Audubon ».
C’est dans ce roman que j’ai déniché cette petite explication scientifique, moi qui me contente trop souvent d’à peu près :
« Quand un arc-en-ciel vient de l’ouest, cela veut dire qu’il pleut dans cette direction. Puisque ce sont les gouttes d’eau qui réfléchissent la lumière du soleil à la manière d’un prisme »
Du coup, s’explique aussi (d’après un des personnages) le chat qui prédit la pluie en grimpant à l’arbre :
« Le chat grimpe à l’arbre parce qu’il cherche un endroit d’où bien voir l’arc-en-ciel. »
Lumineux…
Ainsi « tout a un sens », tout finit par s’élucider dans ce roman un peu hors du temps. Tout ? Même l’épouvantail qui parle ? Hum !
Bon ! Il faut faire la part des choses aussi dans cet ouvrage assez inclassable. Peut-être « fantastiquement ancré dans le réel » ? Je ne vois pas comment mieux le qualifier.
En tout cas l’histoire qui va de rebondissement en rebondissement (attention aux fausses pistes !) m’a tenue intéressée jusqu’aux révélations finales. Comme dans toute intrigue policière… et ce qui nous vaut aussi – hélas ! – au passage, quelques scènes empreintes de cruauté.
Mais pour compenser, la poésie est là, présente. « Regarder les fleurs pousser, c’est comme lire de la poésie » dit le héros et je vous laisse deviner ce qui « manque » à ce territoire clos, ce que le héros, Itô va lui apporter.
C’est d’ailleurs la poésie sibylline du titre qui m’a poussée à lire ce livre. J’ai découvert un jour le naturaliste Audubon et ses illustrations des oiseaux d’Amérique et là, justement, la disparition d’une espèce (le pigeon migrateur) joue un rôle important pour l’élucidation de l’énigme. Á vous de découvrir comment…
(Monique MERABET, 21 Février 2013)